Chênes, hêtre, épicéa, pin et douglas dominent les forêts et l’industrie du bois en Europe de l’Ouest. Ce système, basé sur trop peu d’essences, montre ses limites. La crise que traversent l’épicéa et le douglas n’en est-elle pas une démonstration ? Il est urgent de repenser la gestion de nos forêts afin d’améliorer leur résistance aux aléas et leur contribution à la production de bois, à la qualité des sols et de l’eau, à la biodiversité. 

Saviez-vous que le bouleau, champion de l’invasion des mise-à-blanc et des jeunes plantations, est en volume le 3e feuillu de Wallonie ? Pourtant, les gestionnaires l’ont le plus souvent éliminé des peuplements. Les rescapés ont principalement formé des bois tordus et de petite dimension, ne convenant pas à la fabrication de bois d’œuvre. Et pourtant…

Offert gratuitement par la nature, cet arbre élégant est productif dans une grande variété de climats et de sols, même là où peu d’autres essences se développent ; il s’adapte aux changements de son environnement ; il améliore la fertilité et la structure des sols ; il propose un habitat à de nombreuses espèces animales ou végétales… Néanmoins, sa gestion, pourtant simple, demande de la rigueur – il faut poser les bons gestes sylvicoles au bon moment – afin d’éviter qu’il n’étouffe, endommage les autres essences en mélange et lui permettre de produire une grume sans défaut. Hélas, la moindre erreur se paie cash !

Le dépérissement d’autres essences, les mises-à-blanc non replantées ou les dégâts liés à la grande faune sauvage, face à laquelle il affiche une excellente résistance, amplifient sa présence. Rassurez-vous, le bouleau ne pourra pas tout envahir car il ne se régénère pas sous lui-même. Par contre, il prépare des conditions propices à l’installation d’autres essences sous son abri et constitue un allié de choix pour les mélanges avec des résineux ou des feuillus. L’Europe du Nord a développé une filière importante autour du bois de bouleau, que nous importons sous diverses formes. En Europe Occidentale, la ressource augmente et une gestion appropriée pourrait amener à terme une disponibilité en grumes de haute qualité. Avec sa révolution courte, le bouleau pourrait trouver sa place alors que la demande en bois est très élevée.

Notre recherche vise à répondre à ces défis : quelle est la place du bouleau dans notre contexte climatique et socio-économique ? Quelles sont les clés du sylviculteur pour produire du bouleau sans défaut et de grande dimension, en peuplement pur, mélangé ou comme abri pour d’autres essences ? ◆

Chercheur : Héloïse Dubois (ULiège)
Encadrement scientifique : Hugues Claessens (ULiège)