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Le chêne est l’essence reine des futaies feuillues wallonnes mais sa croissance est lente. La cohabitation avec des essences plus dynamiques, comme le frêne et l’érable, est intéressante à plus d’un titre. Mais comment gérer cette diversité sur le long terme ? Cette question se pose également pour d’autres associations d’essences, comme les mélanges à pin sylvestre.

Le chêne est l’essence feuillue la plus représentée au sein des forêts wallonnes. Il entre dans la composition de forêts assez diversifiées, sur des terrains qui le sont tout autant. Sur les sols les plus fertiles, il est ainsi fréquent de le retrouver en mélange avec d’autres feuillus dits « précieux », dont le frêne, l’érable et le merisier. Alors qu’il faut en moyenne 150 à 200 ans au chêne pour qu’il atteigne sa maturité, ces feuillus précieux ne nécessitent que 60 à 80 ans, soit deux à trois fois moins de temps. L’intérêt de cette association est multiple. Intérêt économique, la récolte des feuillus précieux procurant des revenus intermédiaires aux propriétaires forestiers. Intérêt pour la biodiversité, en associant des espèces de caractéristiques contrastées. Intérêt face aux changements globaux et aux maladies, la multiplicité des essences constituant une assurance en cas de défaillance de l’une d’elles.

En revanche, la création et le maintien de cette association d’essences au fil du temps n’est pas une évidence pour les forestiers. Les raisons tiennent dans l’aversion du chêne pour la concurrence, ses difficultés de régénération et sa croissance lente. Certains feuillus précieux se reproduisent plus abondamment et plus régulièrement que les chênes, et leurs semis poussent plus rapidement. Sans intervention humaine, bon nombre de semis de chênes peuvent disparaître. Cette compétition pour la lumière continue également à l’âge adulte mais elle peut être régulée par les coupes d’éclaircie.

L’objectif de notre recherche est d’aider les forestiers à mieux gérer le mélange. Nous cherchons à identifier des méthodes permettant de régler la coexistence des espèces à différents stades de leur vie. En plus du mélange du chêne et des feuillus précieux, nous étudions également l’association du pin sylvestre, très résistant à la sécheresse, avec d’autres essences plus productives. Dans ce dernier cas, c’est le pin qui joue le rôle de l’essence à croissance lente.

Nous recherchons des solutions avant tout sur le terrain, en recueillant le savoir-faire de certains praticiens expérimentés restés dans l’ombre. Nous partons à la rencontre des gestionnaires, des propriétaires, pour les interroger et comprendre leurs pratiques. Tous les éléments recueillis forment un puzzle dont il manque inévitablement des pièces. Les articles et livres spécialisés nous aident à le compléter.

En définitive, notre but est de formuler des recommandations utiles pour que les forestiers d’aujourd’hui puissent continuer à cultiver le chêne ou le pin sylvestre au sein de forêts plus diversifiées. ◆

Chercheur : Grégory Timal (CDAF asbl)
Encadrement scientifique : Quentin Ponette (UCLouvain)