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Quinze années de mesure de l’écorcement frais pour retracer l’évolution des pressions causées par le cerf sur la forêt wallonne.

Ces dernières décennies ont vu un développement important des populations de cerfs accompagné d’une augmentation de leur impact sur la forêt wallonne. Des méthodes d’évaluation objectives sont nécessaires pour mener une gestion adéquate. L’évolution des effectifs fait partie des informations cruciales à considérer même s’il ne peut constituer l’unique critère de gestion.

Les écorcements causés par le cerf ont un impact économique important. L’épicéa est la principale essence de production de la région. C’est aussi l’essence la plus touchée par les dégâts avec près de 6 millions de mètres cubes atteints, soit 12 % de son volume sur pieds, selon l’Inventaire forestier wallon. Ce chiffre atteint même 14 % en Haute Ardenne. Un arbre écorcé perdrait en moyenne 30 % de sa valeur en raison du développement de pourritures et de colorations, les rendant impropres aux usages à forte valeur ajoutée.

Depuis 2004, le Département de la Nature et des Forêts recense annuellement les dégâts d’écorcement frais dans tous les peuplements résineux de moins de 30 ans (taux estimé par échantillonnage d’une placette par 4 ha). L’inventaire représente 257 000 ha de forêt occupée par le cerf, soit 85 % de son aire de répartition en Wallonie. Grâce à l’Accord-cadre de recherches et vulgarisation forestières, l’équipe de Gembloux Agro-Bio Tech effectue des analyses visant à expliquer comment les densités de population, le climat, le paysage, la topographie ainsi que la structure et la composition des peuplements inventoriés influencent l’intensité des écorcements.

Les résultats obtenus montrent que les écorcements sont très fortement liés aux densités de population, mais également à différentes variables locales. Les dégâts sont plus importants dans les zones à forte densité de cervidés, à proximité des zones agricoles et lorsque l’on s’éloigne des routes ou des zones urbanisées. Des conditions hivernales rigoureuses accentuent les dégâts car elles réduisent les ressources alimentaires disponibles. Dans une moindre mesure, la structure et la composition de la forêt avoisinante, le type de sol, l’importance des faînées ainsi que la topographie ont également un impact. Celui-ci s’explique notamment par l’effet de ces facteurs sur la quantité de nourriture disponible ou par leur influence sur la fréquentation, par le cerf, des peuplements sensibles.

L’inventaire et les analyses effectuées permettent de retracer l’évolution de l’intensité des écorcements en discernant la part de cette évolution due au climat de celle due aux densités de population. Cette information sera d’une grande aide lors de la fixation des plans de tir par les gestionnaires de la forêt. ◆

Chercheur : Romain Candaele (ULiège)
Encadrement scientifique : Philippe Lejeune (ULiège)